jeudi 21 février 2013

Préparons-nous à une tempête économique en 2013

Des nuages noirs et bas viennent de toutes les directions menacer l’économie mondiale : de la zone euro, des USA, de la Chine et d’ailleurs. Aussi dès l’année prochaine l’économie mondiale pourrait se trouver en danger. Tout d’abord la crise de la zone euro s’aggrave, tandis que l’euro reste une devise forte : l’austérité aggrave la récession dans de nombreux pays membres, la restriction du crédit à la périphérie et le prix élevé du pétrole font obstacle à la reprise. Le système bancaire de la zone euro se balkanise, les lignes de crédit transfrontalières et interbancaires sont coupées et la fuite des capitaux pourrait se transformer en panique bancaire dans les pays de la périphérie, si comme c’est probable la Grèce fait une sortie désordonnée de la zone euro dans les prochains mois.
La crise budgétaire et celle de la dette souveraine s’aggravent, le spread des taux d’intérêt pour l’Espagne et l’Italie atteignent à nouveau des sommets intenables. La zone euro pourrait avoir besoin non seulement d’un plan de sauvetage international des banques (cela vient d’être le cas pour les banques espagnoles), mais aussi pour la dette souveraine à un moment où les pare-feux de la zone euro et de la communauté internationale ne suffisent pas à empêcher la glissade de l’Espagne et de l’Italie. Un effondrement désordonné de la zone euro n’est donc pas exclu.
Aux USA l’économie s’affaiblit, la croissance du premier trimestre n’atteignant qu’un misérable 1,9% – bien en dessous de son potentiel. La création d’emplois a baissé en avril et mai et l’économie américaine pourrait se retrouver au point mort vers la fin de l’année. Pire encore, le risque d’une récession à double creux l’année prochaine augmente : même si la fin de certains avantages fiscaux n’affecte pas trop la croissance, la hausse probable de plusieurs taxes et la réduction de certains transferts diminuera la croissance du revenu disponible et de la consommation.
Quel que soit le vainqueur de l’élection présidentielle américaine en novembre prochain, le blocage politique lié à un ajustement budgétaire va sans doute se prolonger. Aussi, de nouveaux conflits portant sur le plafonnement de la dette, le risque de faillite de l’Etat et un abaissement de la note par les agences spécialisées pourraient affecter le moral des ménages et des entreprises, conduisant à une baisse des dépenses et à une accélération de la fuite des capitaux, ce qui exacerberait la chute de la Bourse.
En Extrême-Orient le modèle de croissance de la Chine est à bout de souffle, son économie pourrait s’écrouler en 2013 alors que la chute des investissements se poursuit et que les réformes destinées à stimuler la consommation représentent trop peu de choses et viennent trop tard. Une nouvelle direction à la tête du pays doit accélérer les réformes structurelles pour réduire l’épargne publique et accroître la part de la consommation dans le PIB. Mais du fait de la probabilité d’une transition politique chaotique et des divergences parmi les dirigeants quant au rythme des réformes, elles s’effectueront sans doute beaucoup trop lentement.
Le ralentissement économique aux USA, au sein de la zone euro et en Chine va mettre un coup de frein à la croissance des autres pays émergents en raison de leurs liens commerciaux et financiers avec les USA et l’UE (aucun “découplage” n’a eu lieu). Par ailleurs, l’absence de réformes structurelles dans les pays émergents, ainsi que leur évolution vers davantage de capitalisme d’Etat, obère la croissance et va affaiblir leur résilience.
Enfin, les tensions qui couvent depuis longtemps au Moyen-Orient entre Israël et les USA d’un coté et l’Iran de l’autre sur la question de la prolifération nucléaire pourraient atteindre leur paroxysme en 2013. Les négociations en cours vont probablement échouer et un renforcement des sanctions n’arrêtera probablement pas la progression de l’Iran vers l’arme nucléaire. Si les USA et Israël n’acceptent pas la simple dissuasion à l’égard d’un Iran détenteur de l’arme nucléaire, une confrontation militaire en 2013 conduirait à un bond énorme du prix du pétrole et à une récession mondiale.
Ces risques exacerbent déjà le ralentissement économique, les Bourses chutent un peu partout, avec des répercussions négatives sur la consommation et les dépenses d’investissement. Le coût du crédit augmente pour les pays lourdement endettés, son rationnement fragilise les PME et la baisse du prix des matières premières réduit les revenus des pays exportateurs. L’augmentation de l’aversion au risque conduit les agents économiques à adopter une position d’attente qui fait en partie du ralentissement une prophétie autoréalisatrice.
En comparaison de la période 2008-2009, lorsque les décideurs politiques avaient toute liberté d’action, les autorités monétaires et budgétaires ont épuisé une grande partie de leurs cartouches (ou plus cyniquement il ne leur reste plus de lapin à tirer de leur chapeau). La marge de manœuvre en matière de politique monétaire est limitée par des taux d’intérêt proches de zéro et des phases répétées de relâchement monétaire. Ce ne sont plus des problèmes de liquidités qui menacent, mais une crise du crédit et de la solvabilité. Dans les pays riches, des déficits budgétaires et des dettes publiques insoutenables restreignent fortement la possibilité d’un recours supplémentaire à la stimulation budgétaire.
Le recours au taux de change pour encourager les exportations nettes est un jeu à somme nulle, car le désendettement public et privé freine la demande intérieure dans des pays qui connaissent un déficit des comptes courants, et une balance commerciale excédentaire dans certains pays suppose une monnaie plus forte et une balance commerciale déficitaire pour d’autres.
La capacité de secourir les institutions financières et les banques et d’isoler les activités des banques de détails des autres activités bancaires est limitée. Cela tient à des raisons politiques et à l’incapacité des pays au bord de l’insolvabilité d’absorber des pertes supplémentaires dues à leur système bancaire, c’est pourquoi le risque souverain se transforme maintenant en risque bancaire. Les Etats se débarrassent d’une grande partie de leur dette publique pour l’inscrire dans le bilan des banques, notamment dans la zone euro.
Pour éviter une débandade dans la zone euro, l’austérité devrait être introduite bien plus progressivement, le nouveau pacte budgétaire de l’UE devrait être assorti d’un pacte de croissance et l’UE devrait décider une union budgétaire incluant la mutualisation de la dette au moyen d’euro-obligations. L’UE a besoin d’une véritable union bancaire, avec une garantie des dépôts dans l’ensemble de la zone euro, pour évoluer ensuite vers une plus grande intégration politique - ceci même si la Grèce quitte la zone euro.
Malheureusement l’Allemagne refuse toutes ces mesures fondamentales, car elle est obsédée par le risque crédit auquel ses contribuables seraient exposées dans le cas d’une plus grande intégration économique, budgétaire et bancaire. Aussi la probabilité d’un effondrement de la zone euro augmente.
Le nuage provenant de la zone euro est le plus menaçant, mais ce n’est pas le seul qui plane sur l’économie mondiale. La tempête approche, préparons-nous !

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