jeudi 7 mars 2013

Guerre et inflation : pourquoi la FED a t'elle été créée.

“Cette institution est le mécanisme même par lequel les rêves de la Droite fanatique et de la Gauche fanatique prennent corps »
 
La Banque centrale américaine, appelée Réserve Fédérale, a été créée en 1913. Personne n’a encouragé cette institution avec pour slogan de rendre les guerres plus probables et de garantir que presque un demi-million d’Américains mourraient sur les champs de bataille étrangers,  tout comme d’ailleurs des millions de soldats et de civils étrangers.
Personne n’a jamais souligné le fait que cette institution permettrait au gouvernement américain d’établir un empire global qui ferait apparaître les empires romain et britannique comme inoffensifs en comparaison.

Vous pourriez aligner 100 historiens spécialistes des guerres et chercheurs en sciences politiques professionnels pour parler du 20ème siècle et il est probable qu’aucun d’entre eux ne mentionne le rôle de la Fed dans le financement du militarisme américain. Et pourtant, c’est vrai : la Fed est l’institution qui a créé la monnaie finançant les guerres. Dans ce rôle, elle a résolu un problème majeur auquel avait été confronté l’Etat durant toute l’histoire humaine. Un Etat sans argent ou bien un Etat qui doit taxer ses citoyens pour lever l’argent nécessaire à ses campagnes est obligatoirement limité dans ses ambitions impérialistes. Gardez bien en tête que ceci est uniquement un problème pour l’Etat. Ce n’est pas un problème pour le peuple. L’incapacité de l’Etat à financer ses ambitions illimitées possède davantage de valeur pour le peuple que toute autre forme de vérification ou d’équilibre légal. Elle a plus d’importance que toutes les constitutions jamais élaborées.
L’Etat ne possède pas de richesses propres. Ce n’est pas une entreprise profitable. Tout ce qu’il possède doit être pris à la société dans un jeu à somme nulle. Cela signifie habituellement des impôts, mais les impôts ennuient les gens. Ils peuvent déstabiliser l’Etat et menacer sa légitimité. Ils inspirent la colère, la révolte et même la révolution. Plutôt que de risquer ce résultat, l’Etat, depuis le Moyen Age et jusqu’à l’aube de la naissance des banques centrales a été très prudent dans ses ambitions globales et ce, tout simplement parce qu’il devait montrer la plus grande prudence à voler ouvertement et directement le peuple pour payer ses factures.
Il est certain qu’une banque centrale n’est pas nécessaire pour qu’un Etat choisisse l’inflation plutôt que la taxation comme instrument de financement. Tout ce qu’il faut, c’est un monopole de production de la monnaie. Une fois acquis, le monopole de production de la monnaie mène à un processus systématique de dépréciation de la monnaie que ce soit par baisse de la teneur en métal des pièces, par la dévaluation ou bien par l’introduction du papier monnaie qui peut ensuite être imprimé sans aucune limite. La banque centrale soutient ce processus d’une manière décisive : elle cartellise le système bancaire, le conduit essentiel par lequel la monnaie est prêtée au public et au gouvernement lui-même. Le système bancaire devient de cette manière l’agent principal de financement de l’Etat et en échange de ses services obtient une garantie contre le risque d’insolvabilité et de faillite, en profitant de l’inflation. Si le but de l’Etat est une monopolisation complète de la monnaie dans un système de monnaie-papier totalement flexible, il n’existe pas de meilleure voie pour l’Etat que la création d’une banque centrale. C’est la plus grande réalisation pour la victoire du pouvoir sur la liberté.
Le lien entre la guerre et l’inflation, alors, date de bien avant la création de la Réserve Fédérale. En fait, il date de la création des Etats-Unis eux-mêmes. Le destin de la monnaie continentale pendant et après la guerre de Révolution par exemple, était un très mauvais présage pour notre futur et le pays dans son ensemble a payé un lourd tribut. C’est cette expérience qui a conduit par la suite à la « clause or » de la Constitution. Excepté les partisans d’Hamilton, cette génération complète de politiciens comprit le lien unissant la liberté et une monnaie saine et considérait le papier-monnaie comme la sève de la tyrannie.
Voyez Thomas Paine:
Le papier-monnaie c’est comme boire par petites gorgées : cela apaise un moment la soif par une sensation trompeuse mais diminue aussi la chaleur naturelle et laisse le corps dans un état pire qu’on ne l’a trouvé. Si tel n’était pas le cas, et que la monnaie pouvait être créée selon son bon plaisir, chaque souverain d’Europe serait aussi riche qu’il le souhaiterait…le papier-monnaie constitue à première vue une grande économie ou plutôt ne semble rien coûter, mais c’est la monnaie la plus chère qui soit. La facilité avec laquelle elle est émise par une assemblée au départ sert à emprisonner le peuple finalement. Elle opère comme anticipation des impôts futurs.
Mais la sagesse de cette génération, attaquée par Lincoln, a finalement été jetée par-dessus bord pendant l’époque progressiste. On a cru qu’une époque prônant une politique publique scientifique avait besoin d’une machinerie scientifique produisant de la monnaie contrôlée par une élite puissante. L’aube de l’âge de la Banque Centrale était aussi l’aube de la planification centrale et il ne pouvait y avoir de contrôle du gouvernement sur le commerce de la nation sans avoir d’abord un contrôle de la monnaie. Et une fois l’Etat maître de la monnaie et du système bancaire, il peut donner libre cours à ses ambitions.
Avant la création de la Réserve Fédérale, l’idée d’une entrée dans le conflit qui allait devenir la première guerre mondiale aurait été inconcevable. En fait, c’était une idée hautement impopulaire et Woodrow Wilson lui-même avait fait campagne avec un programme qui promettait de nous tenir en dehors de la guerre. Mais avec un monopole monétaire, tout semblait possible. Il n’a fallu que quatre années après la création de la Fed en guise de planification politique scientifique pour que l’objectif réel devienne évident. La Fed permettrait le financement de l’entrée des USA dans la première guerre mondiale.
Ce n’était pas l’entrée en guerre seule qui était rendue possible. La première guerre mondiale était aussi la première guerre totale. Elle impliquait presque toutes les nations du monde civilisé et non seulement leurs gouvernements mais aussi les populations civiles, en tant que combattants et cibles. On a écrit que cette guerre a mis une fin à la civilisation dans le sens où l’on entendait ce terme au 19ème siècle. Cela signifie que c’est cette guerre-là qui a mis un terme à la liberté telle que nous la connaissions.
Réfléchissant sur la calamité représentée par cette guerre, Ludwig von Mises écrivit en 1919
On peut dire sans exagération que l’inflation est un instrument indispensable au militarisme. Sans elle, les répercussions de la guerre sur la prospérité deviennent évidentes beaucoup plus rapidement et de manière plus incisive, la lassitude de la guerre commencerait beaucoup plus tôt.
Il y a toujours un prix à payer pour le financement offert par la banque centrale. La situation d’après-guerre aux Etats-Unis en Amérique est un cas classique. Il y avait de l’inflation. Il y avait des dislocations massives. Il y avait une récession ou ce que l’on appelait alors récession, un résultat direct de la dislocation du capital qui masquait un boom économique mais qui fut ensuite suivi d’une crise. La dépression frappa en 1920 mais ce n’est pas un événement fameux de l’histoire économique des Etats-Unis. Pourquoi ? Parce que la Réserve Fédérale n’avait pas encore acquis les moyens de produire un plan de sauvetage de l’économie. A la place, ni la Fed ni le Congrès ni même le président n’aimaient beaucoup cette idée, une réponse digne de louanges. Le résultat, une dépression courte qui devint une note de bas de page de l’histoire. La même chose aurait pu avoir lieu en 1930 si Hoover n’avait pas tenté d’utiliser le gouvernement comme moyen de réanimation.
“L’aube de l’ère de la Banque Centrale était aussi l’aube de la planification centrale et il ne pouvait y avoir de contrôle du gouvernement sur le commerce de la nation, sans contrôle de la monnaie d’abord. »
 
Malheureusement, la convalescence sans histoires de 1920-1922 donna à la banque centrale la tentation de revenir vers l’inflation avec, comme résultat, un marché des actions en hausse suivi d’une crise et d’une dépression et, finalement, la destruction de l’étalon-or lui-même. FRD [Franklin D. Roosevelt] en  conclut que même la planification économique de style fasciste et l’inflation ne pouvaient restaurer la prospérité, il se tourna vers cette vieille méthode qui consiste à rechercher un conflit dans lequel entrer. C’est ici que l’histoire des USA et de la Fed croise celle tragique de la banque centrale allemande.
Le gouvernement allemand avait également financé sa grande guerre grâce à l’inflation. A la fin de la guerre, la circulation avait atteint le quadruple d’avant-guerre. Les prix avaient augmenté de 140%. Pourtant sur le plan international, le Mark allemand n’avait pas souffert comme on aurait pu s’y attendre. Le gouvernement allemand trouva cela encourageant et promptement, se mit à fabriquer une guérison complète au moyen de l’inflation. De manière incroyable, en 1923, le Mark était tombé à un millier de milliardième (1/1012) de sa valeur or de 1914. Le dollar valait alors 4 200 milliards de Marks. C’est un exemple de destruction de la monnaie qui est demeuré légendaire dans l’histoire du monde – et tout cela fut rendu possible par une banque centrale obligeante envers le gouvernement et monétisant ses dettes de guerres.
Mais est-ce que les gens s’en prirent à la planche à billets? Non, l’explication populaire relie ce phénomène directement au Traité de Versailles. C’est la dure paix imposée par les alliés qui avait amené l’Allemagne au bord du gouffre de la destruction totale, ou voilà ce qu’on croyait. Mises lui-même écrivit un livre entier qui, espérait-il,  expliquerait que l’Allemagne devait ses souffrances à la guerre et au socialisme et non pas à Versailles en tant que tel. Il demandait instamment au peuple allemand de rechercher les causes véritables et d’établir des marchés libres, au risque que la dictature impériale ne se révèle être le prochain stade du développement politique. Mais il fut ignoré.
Le résultat, comme nous le savons tous, fut l’avènement d’Hitler.
Si l’on se tourne vers la Russie, la vérité cachée à propos de la révolution bolchévique, c’est que l’instrument de propagande le plus efficace de Lénine incluait les souffrances du peuple russe pendant la première guerre mondiale. Les hommes furent appelés et tués à un niveau horrible. Lénine a appelé cela une exploitation capitaliste, appellation fondée sur le fait que la guerre résultait de motifs capitalistes. En fait, c’était seulement un aperçu du monde que le socialisme amènerait, un monde dans lequel tout le peuple et toute la propriété seraient traités comme instruments vers des buts étatistes. Et ce qui avait permis la prolongation du rôle de la Russie dans la première guerre mondiale, c’était une institution créée en 1860 appelée la Banque d’Etat de l’Empire Russe, une version russe de la Fed.
La guerre russe elle-même avait été financée par la création monétaire, qui avait conduit à des augmentations de prix, des contrôles et des restrictions pendant la guerre. Je ne partage pas l’opinion, à la différence des néoconservateurs que la monarchie russe fut un régime particulièrement mauvais, mais la tentation créée par la machine à faire de l’argent était trop importante. Elle transforma une monarchie relativement inoffensive en une machine de guerre. Un pays qui avait été longtemps intégré dans une division internationale du travail et qui était sous l’étalon-or est devenu une machine à tuer. Et si horrible et catastrophique que furent les morts pour le moral des Russes, l’inflation affectait chaque personne particulière et a inspiré une inquiétude massive qui a conduit au triomphe du communisme.
A cette intersection de l’histoire, nous pouvons observer ce que les banques centrales nous ont apporté. Non pas la fin des cycles conjoncturels. Mais tout simplement plus de liquidité pour le système bancaire. Pas la fin des ruées et des paniques bancaires. Pas une politique publique scientifique. Les économies mondiales les plus importantes devenaient sujettes des monopoles monétaires et leurs dirigeants une sorte de despote les plus mauvais de l’histoire du monde. Maintenant, ils se préparaient à se battre avec toutes les ressources à leur disposition. Et pour les ressources qu’ils n’avaient pas, ils se les procureraient avec leur instrument préféré : la banque centrale.
En temps de guerre, la planche à billets tournait sans arrêt mais avec le niveau totalitaire de rationnement, de contrôle des prix et de socialisation complète des ressources du monde occidental, le résultat de l’inflation ne fut pas simplement l’augmentation des prix. Ce furent de grandes pénuries et de grandes souffrances en Grande-Bretagne, en Russie, en Allemagne, en Italie, en France, en Autriche-Hongrie, aux Etats-Unis et on peut dire sur presque toute la planète.
“On peut dire sans exagérer que l’inflation est le moyen indispensable du militarisme. »
 
– Ludwig von Mises
Ainsi donc, nous pouvons observer ici l’ironie étonnante de la banque centrale à l’œuvre. L’institution promue par les économistes en coopération avec les banquiers (qui devait apporter rationalité et science pour canaliser les problèmes monétaires) a donné naissance aux plus mauvais des trends politiques de l’histoire du monde : le communisme, le socialisme, le fascisme, le nazisme, et le despotisme de la planification centrale sur l’occident capitaliste. L’histoire des banques centrales est une étape que l’on a retirée de l’histoire des bombes atomiques et des camps de la mort. Il y a une raison pour laquelle l’Etat ne connait plus de restrictions ces cents dernières années et cette raison, c’est précisément celle que de nombreuses personnes considèrent comme étant purement technique et trop complexe pour le commun des mortels.
Avance rapide sur la guerre d’Iraq qui possède toutes les caractéristiques d’un conflit né du pouvoir d’imprimer de l’argent. Il fut un temps où la décision de partir en guerre impliquait un véritable débat au Congrès américain ou aux Communes britanniques. Et de quoi débattait-on ? Des ressources disponibles et de la possibilité de taxer. Mais une fois le pouvoir exécutif débarrassé de la nécessité de compter sur les dollars provenant des impôts et n’ayant plus à s’inquiéter de rechercher d’éventuels acheteurs volontaires pour ses instruments de dettes non garantis, le débat politique était étouffé.
Dans la course pour la guerre, Georges Bush a juste assumé comme étant un acte politique, le fait de décider seul d’envahir l’Iraq. Les objections de Ron Paul et d’autres membres du Congrès et d’un grand nombre d’Américains ont été réduites à un brouhaha, semblable à bruit de fond. Imaginez qu’il ait dû dégager cet argent pour la guerre par des taxes. Elle n’aurait jamais eu lieu. Mais il n’avait pas à le faire. Il savait qu’il aurait de l’argent. En dépit de $200 milliards de déficit et de 9 000  milliards de dettes et 5 000 milliards d’instruments de financement/de dettes détenus par le public, un budget de 3 000 milliards de dollars et des recettes fiscales en baisse en 2001, Bush contemplait une guerre qui avait coûté 525 milliards de dollars ou 4 681 dollars par ménage. Imaginez qu’il doive aller demander au peuple américain cette somme. Que serait-il arrivé ? Et ça, ce sont des chiffres gouvernementaux, le coût réel de la guerre est peut-être de 20 000 dollars par ménage.
Or, quand les libéraux de gauche parlent de ces chiffres, ils aiment à les comparer à ce que l’Etat aurait pu faire s’il avait dépensé ces sommes dans la sécurité sociale, les écoles publiques, les programmes de maternelles pour enfants défavorisés, ou les bons de nourriture. Ceci est une erreur, car cela démontre que la gauche ne propose pas véritablement d’alternative à la droite. Elle a seulement un ordre différent de priorités pour dépenser les ressources acquises grâce à la machine à inflation. Il est vrai que les écoles publiques sont moins chères en termes de vies et de propriété que la guerre. Mais un Etat providence financé par l’inflation a également un effet corrosif sur la société. La chimère que le monstre de l’inflation peut-être utilisé pour réaliser le bien au lieu du mal illustre une certaine naïveté concernant la nature de l’Etat lui-même. Si l’Etat en a le pouvoir et qu’on lui demande de choisir entre partir en guerre et faire le bien, que va-t-il choisir ? Dans le contexte américain, c’est certainement de partir en guerre.
 « L’histoire du centralisme bancaire est une étape que l’on a retirée de l’histoire des bombes atomiques et des camps de la mort. »
 
Il est tout aussi naïf pour la Droite de parler de museler le gouvernement et dans le même temps d’espérer un conflit global. Tant que l’Etat à un accès illimité à la planche à billet, il peut se permettre d’ignorer les pléiades de groupes idéologiques qui se préoccupent de savoir comment cet argent va être dépensé. Il est également stupide pour la Droite de croire qu’elle peut avoir ses guerres, son militarisme, son nationalisme et sa belligérance sans dépendre du pouvoir de la Réserve Fédérale. Cette institution est le mécanisme même par lequel les rêves de la Droite fanatique et de la Gauche fanatique prennent corps.
Les effets de la planche à billets vont bien au-delà du financement de programmes gouvernementaux indésirables. La Fed crée des bulles financières qui produisent une dislocation économique. Rappelez-vous la bulle technologique de la fin des années 1990 ou la bulle du marché immobilier ? Ou bien encore le boom qui précéda la crise actuelle. Tout cela, ce sont des conséquences de la monopolisation de la monnaie.
Ces temps-ci, les consommateurs américains sont durement touchés par les hausses de prix du pétrole, de l’habillement, de la nourriture et de bien d’autres choses. Pour la première fois depuis des décennies, les gens le ressentent et le ressentent durement. Et comme pour toute autre inflation dans l’histoire du monde, les gens recherchent les coupables et ils accusent les mauvaises personnes. Ils pensent que ce sont les compagnies pétrolières qui les exploitent, ou bien que les négociants de pétrole étrangers sont en train de réduire leur offre ou bien que les pompistes profitent d’une crise pour engranger des profits à nos dépens ;
Je n’exclurais pas complètement la possibilité d’un contrôle des prix dans un avenir proche. Quand Nixon les a imposés en 1971, ni lui ni ses conseillers ne pensaient qu’ils pourraient contrôler l’inflation. En fait, le but était plutôt de reporter la colère du public visant le gouvernement et ses banques vers les détaillants qui, alors, deviendraient des boucs-émissaires. Et en ce sens, les contrôles des prix fonctionnent. Ils font croire aux gens que le gouvernement est en train de faire baisser les prix tandis que le secteur privé essaie de les faire augmenter. C’est une véritable dynamique politique qui est en marche avec les contrôles des prix.
La question est de savoir si vous serez vous-même coincé dans ces stratagèmes. Il est plus que grand temps pour nous de prendre note que la cause du véritable problème ici, ce ne sont ni les producteurs ou la guerre en tant que telle mais l’agence fédérale qui a obtenu un privilège légal de contrefaçon à volonté et de dépréciation de la valeur de la monnaie tout en finançant tout schéma étatique que ce soit de guerre ou de projets sociaux. Nous devons regarder la Fed et dire : l’ennemi le voici!
Notons que la Réserve Fédérale n’est pas un parti politique. Ce n’est pas non plus un groupement d’intérêts reconnus. Ce n’est pas non plus un lobby renommé de Washington. Ce n’est pas davantage un secteur de l’opinion publique. Elle semble complètement protégée d’un débat public vigoureux. Si nous croyons fermement à la liberté et décrions l’Etat tout puissant [Léviathan State], cette situation ne peut plus être tolérée.
“Tant que l’Etat à un accès illimité à la planche à billet, il peut se permettre d’ignorer les pléiades de groupes idéologiques qui se préoccupent de savoir comment cet argent va être dépensé »
 
Je dis à la Droite sincère, si vous souhaitez réellement limiter l’Etat, vous devrez abandonner vos rêves de refaire le monde à la pointe du fusil. Les guerres et un gouvernement limité, ce n’est pas possible. De plus, vous devez arrêter d’ignorer le rôle de la politique monétaire. C’est un sujet technique bien sûr, mais c’est un sujet que tout le monde doit considérer et comprendre si l’on souhaite restaurer quelque chose qui ressemble à la Liberté américaines des fondateurs [de la République].
Je dis à la Gauche sincère, si vous souhaitez vraiment arrêter la guerre et l’Etat espion, mettre un terme à la persécution des dissidents politiques et aux camps de Guantanamo pour les étrangers, mettre fin à la culture du militarisme et du nationalisme, vous devez nous rejoindre en tournant votre regard sur le rôle de la politique monétaire. Les planches à billets doivent être débranchées. Il est vrai que cela affectera les programmes que la Gauche chérit, comme la sécurité sociale et les programmes d’éducation fédéraux. Mais tant que vous souhaiterez que l’Etat finance vos rêves, vous ne pouvez pas vous attendre à ce qu’il ne finance pas aussi les rêves des personnes que vous haïssez.
Laissez-moi ajouter quelques mots pour les libertariens qui rêvent d’un monde avec un gouvernement limité sous un régime légal, un monde dans lequel l’entreprise libre règne et dans lequel l’Etat n’a pas le pouvoir de s’immiscer dans nos vies tant que nous nous comportons paisiblement. Il est complètement absurde de croire que ceci puisse être accompli sans réforme monétaire. Et pourtant, jusqu’à la campagne la plus récente de Ron Paul [pour la présidence américaine], -et mis à part Murray Rothbard et le travail accompli ces 26 dernières années par le Mises Institut- je ne me souviens pas que les libertariens se soient un tant soit peu préoccupés de ce problème.

En 1983, le Mises Institut a tenu une large conférence sur l’étalon-or et nous l’avons tenue à Washington, D.C. (Des articles scientifiques y étaient présentés, Ron Paul a débattu avec un gouverneur de la Fed. Ron a gagné). Et même à cette époque, je me souviens que des libertariens nous ont ridiculisés pour avoir tenu une telle réunion débattant de la Fed et de son remplacement par une monnaie saine. Ils disaient que le Mises Institut aurait l’air ridicule et que nous serions estampillés de fétichistes de l’or et de fous. Mais nous l’avons fait quand même. Et toutes ces années plus tard, le livre issu de cette conférence demeure une source majeure de compréhension du rôle de la monnaie dans l’avancée du despotisme ou la résistance à ce dernier et un plan de route pour le futur.
Bien sûr, la tradition autrichienne a combattu la monnaie-papier et les banques centrales depuis le début. Menger était un avocat de l’étalon-or. Böhm-Bawerk l’a établi quand il était ministre des finances sous la monarchie des Habsbourg. Le livre de Mises sur le sujet paru en 1912 était le premier à définir le rôle de la monnaie dans les cycles conjoncturels et il émit des avertissements terribles concernant les banques centrales. Hayek s’est exprimé vigoureusement contre l’abandon de l’étalon-or dans les années 30. Hazlitt a prévenu des échecs inévitables de l’après Bretton Woods et a défendu un véritable étalon-or à la place. Et Rothbard était le champion de la monnaie saine et le plus grand ennemi que la Fed n’ait jamais eu.
Mais de manière générale, j’ai détecté une tendance dans les cercles libertariens à ignorer ce sujet et en partie, précisément pour les raisons citées plus haut : ce n’est pas respectable.
Et bien, je vais vous dire pourquoi ce sujet n’est pas considéré comme respectable: il relève de la priorité absolue pour l’Etat de conserver sa planche à billet cachée derrière un voile. Quiconque ose relever le voile est accusé de crime intellectuel d’une manière ou d’une autre. Et c’est précisément la raison pour laquelle nous devons en parler à chaque occasion. Nous devons mettre fin à la conspiration silencieuse sur ce sujet.
J’étais intrigué de savoir comment Ron Paul, durant sa campagne, ferait pour toujours mettre le sujet en avant. La plupart des politiciens sont là pour flatter leur public, pour dire les choses que les gens voudraient entendre. Et je vous assure qu’au début de cette campagne, personne ne voulait l’entendre parler de la Réserve Fédérale. Mais il l’a fait tout de même. Il a travaillé à former son public sur la nécessité d’une réforme monétaire. Et ça a marché. Pour la première fois de ma vie, il y a un très large mouvement public dans ce pays qui prend ce sujet très au sérieux.
L’économiste monétaire Joseph Salerno a été appelé par C-Span, l’autre jour, qui souhaitait l’interviewer à la télévision sur la nécessité de restaurer l’or comme base de notre monnaie. Alors que je regardais cette excellente interview, j’ai été étonné par le grand triomphe que cela représente pour la Liberté, que ce thème ait de nouveau une place à part entière dans le débat national. Au 19ème siècle, c’était un sujet présent à l’esprit de tout un chacun. Cela peut le redevenir à condition que nous n’esquivions pas la vérité dans la formation de notre message.
On pourrait dire que défendre une privatisation serait politiquement irréaliste et donc une perte de temps. De plus, on pourrait également dire qu’en continuant à insister sur ce sujet, nous ne faisons que nous marginaliser et prouvons que nous sommes à l’extrême.  Je me rends à l’évidence : il n’existe pas de meilleur moyen pour qu’un sujet soit envoyé aux oubliettes que d’arrêter d’en parler.
Bien loin d’être un sujet archaïque et anachronique, l’étalon-or et les sujets qu’il soulève vont droit au cœur de l’actuel débat concernant le futur de la guerre et de l’économie mondiale. Pourquoi le gouvernement et ses partisans ont-ils une aversion pour l’étalon-or ? Parce qu’il enlève le pouvoir discrétionnaire de la Fed en plaçant de sévères limites à la capacité de la banque centrale à faire grossir l’offre de monnaie [inflation]. Sans ce pouvoir discrétionnaire, le gouvernement a beaucoup moins d’instruments à sa disposition pour la planification centrale. Le gouvernement peut réglementer, ce qui est une fonction du pouvoir de police. Il peut taxer, ce qui implique d’ôter à d’autres gens leur propriété. Mais ses activités dans le domaine financier sont radicalement freinées.
Pensez à vos gouvernements locaux et régionaux. Ils peuvent taxer et dépenser. Ils peuvent manipuler et intervenir. Comme tous les gouvernements, depuis l’aube des temps, ils retardent généralement le progrès social et embourbent les choses à plaisir. Ce qu’ils ne font pas en revanche, c’est mener des guerres globales massives, créer des déficits énormes, accumuler des dettes de milliers de milliards de dollars, réduire la valeur de la monnaie, aider financièrement des gouvernements étrangers, fournir des crédits illimités à des entreprises en faillite, administrer des schémas d’assurance sociale extrêmement coûteux et destructeurs, ou bien encore déclencher des changements de direction vertigineux dans l’activité économique.
Les gouvernements locaux et régionaux sont horribles et doivent être contrôlés sans cesse, mais ce n’est rien comparé à la menace que représente le gouvernement fédéral. Ils ne sont ni aussi arrogants et ne se croient ni aussi infaillibles ni aussi indispensables.
C’est la banque centrale, et seulement la banque centrale, qui œuvre en tant que machine à sous pour le gouvernement et cela fait toute la différence. Pourtant il n’est pas impossible qu’une banque centrale existe aux côtés d’un étalon-or, un prêteur en dernier recours qui évite la tentation de détruire ce qui le limite. De la même manière, il est possible pour quelqu’un possédant une soif insatiable de vin de s’attabler à un banquet étalant de délicieux crus sans en boire une gorgée. Disons simplement que l’existence d’une banque centrale introduit une occasion de pêcher pour un gouvernement. C’est pourquoi, sous le meilleur système d’étalon-or, il n’y aurait pas de banque centrale, les pièces d’or circuleraient aussi librement que leurs substituts et les règles contre la contrefaçon et le vol interdiraient aux banques d’accumuler les crédits au-delà de la demande d’épargne.
« Avant la plus récente campagne présidentielle de Ron Paul, je ne me souviens pas que ce sujet ait fortement intéressé les libertariens eux-mêmes »
 
Si nous continuions à construire le système parfait, toute frappe de monnaie serait privée. Les banques seraient traitées comme des entreprises : pas de privilèges spéciaux, pas de promesse de repêchage en cas de crise, pas d’assurances subventionnées et aucune connexion au gouvernement à quelque niveau que ce soit.
Ceci, c’est un management du système monétaire selon le marché libre, selon la libre-concurrence, ce qui signifie rendre cette institution de la monnaie dans son intégralité à l’économie de marché. Comme n’importe quelle institution dans une société libre, elle n’est pas imposée d’en haut, ou dictée par un groupe d’experts mais elle est le résultat, de facto, de ce qui se produit dans une société qui respecte de manière consistante les droits de propriété, encourage l’entreprise et promeut la paix.
Et cela se résume à ça : Si vous haïssez la guerre, opposez-vous à la Fed. Si vous haïssez les violations de vos libertés, opposez-vous à la Fed, si vous voulez réduire le despotisme, restreignez la Fed. Si vous voulez assurez votre liberté et celle de vos descendants, abolissez la Fed.

Lew Rockwell

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